Le réalisateur de l'extravagante fantaisie écologiste OKJA revient avec une cynique farce sociale qui, à coups de revirements imaginatifs, glisse vers la farce macabre. En dépit de certains aspects peu crédibles (les mal léchés sans emploi qui se métamorphosent en personnes distinguées et bien élevées) et d'idées laissées en plan (au premier chef, le projet de fiançailles de Min avec Da-hye), l'ensemble captive et émeut. La mise en scène peaufinée et évocatrice de Bong Joon-ho exploite à merveille les lignes géométriques raffinées de la demeure de rêve, autant que les recoins biscornus du taudis des aspirants-parvenus. Dans le rôle du père de ce drôle de clan, Song Kang-ho (THE HOST, SNOWPIERCER, du même réalisateur) est exemplaire de sobriété et de colère refoulée, tandis que dans celui de la mère bourgeoise fofolle et attachante, la nouvelle venue Cho Yeo-Jeong crève l'écran. (Texte rédigé en mai 2019, dans le cadre du Festival de Cannes - Compétition officielle)
Texte : Louis-Paul Rioux